LES INSTALLATIONS
Les installations diverses que j’ai pu réaliser m’ont permis d’évoquer les problématiques d’enfermement, d’échanges sociaux et de leurs limites posées par les émotions, les jugements, les coutumes.
La première, au Bock’ House en 1986 (Lyon), intitulée « Ligne d’horizon » montrait une ligne de tubes en plastique transparents contenant des linogravures (en rapport avec des photos prises durant mes voyages en Asie), enroulées et immergées dans du pigment bleu ; chaque tube était fermé par un sceau. Image impénétrable, enfouie comme l’est le souvenir que la parole ne peut dire, ne peut qu’évoquer avec tant de faiblesse qu’elle en restreint le champ de l’expérience. Le voyageur s’exalte de la moindre rencontre, lumière, odeur, couleur ; il se remplit, se nourrit et n’a de cesse de tenter de revivre ces expériences inoubliables ressenties « pleines », comme une explosion intérieure, peut-être comme une expérience spirituelle.
Cette installation s’est transformée en « Lignes d’horizons » en 2004, à la Galerie Art Tempo (Saint André, La Réunion). 7 tubes scellés, contenant des linogravures baignant dans du pigment bleu et un tube rempli de pigment noir, sol, socle.
Pour cette exposition, j’ai créé une autre installation nommée « Petite vie », de la série « Les vanités », pour interroger notre rapport à l’autre. J’ai alors 45 ans ; j’ai installé 45 « amphores » sans anses (ou jarres) réalisées manuellement, ourlées de pigment bleu à l’intérieur et couchées sur un lit de charbon de bois se répandant sur 2,50 m au sol. L’amphore (jarre) est un contenant ; son contenu précieux est offert par sa lèvre ouverte ; colorées de joie, elles se reflétaient dans un miroir. Autant d’années de discours amicaux, légers, factices, sensibles. C’est à la fois une ode à l’oralité tellement présente à la Réunion, et un discours sur le regard de soi. Cette installation fut exposée à ART TEMPO (Saint André, La Réunion) en 2004 et à L’ECAB (de Saint Benoît, La Réunion) en 2005.
Puis, ce fut l’installation « Attente » de la série « Les vanités« , dépeignant une vie de femme, remplie de beaucoup d’espoirs atténués par le temps, et… Les bustes, inspirés de ceux de la Grèce antique, étendent l’individuel à l’universel, leur face à face traduit le (les) regard (s) de l’autre ; les pigments colorés exprimaient et sanctifiaient le courage, la force féminine. La toile de fond imprégnée de pastel noir, le socle en verre, le bois, le charbon de bois, rappelaient l’éphémère, la transition, le bucher ? Le chiffre 7 n’est que le rythme régulier du temps, pour un temps. (ECAB de Saint Benoît, La Réunion en 2005).
En 2008, le projet d’installation « Vous » clôt le cycle « Les vanités ». J’ai modelé 48 bouches (de mes amis, famille et enfants) et les ait placées autour d’une table ronde noire, comme pour un dîner convivial. Ces bouches parlent par les textes écrits au dos ; la table est posée sur du charbon de bois, rappelant toujours l’écoulement d’une temporalité. (Montpellier)